Lila Farget a 46 ans. Formée en sculpture à la Cambre, elle s’est spécialisée dans la pâte de verre et a vécu de son art durant plusieurs années en France, son pays d’origine, avant de revenir s’installer en Belgique. » J’ai momentanément laissé tomber la sculpture et j’ai décroché un emploi auprès de la Fondation Mig Quinet, dans laquelle je me suis investie pour promouvoir cette artiste méconnue des années 1950-60. Par ce biais, j’ai rencontré de nombreux ayants droit d’artistes belges talentueux mais qui souffrent d’un manque de visibilité. Ils ont pourtant tous apporté leur pierre à l’édifice de l’art moderne belge. Le déclic est venu suite à la visite d’une exposition de Pierre Caille au musée Marthe Donas à Ittre. Je suis sortie de là en me disant ‘Mince, mais qui va venir voir cette exposition ? ‘. L’idée d’Arteeshow est venue de là, fin 2016. »
Le concept ? Sortir les oeuvres des musées via un support qui touche essentiellement la jeunesse : la mode casual. Est donc née une collection de tee-shirts, sweat-shirts et tote bags, sur lesquels sont imprimées des reproductions des oeuvres d’artiste belges comme Evelyne Axell, Christian Dotremont, Victor Delhez, Pierre Caille, etc.
» Je ne connaissais rien au secteur de l’entrepreneuriat, ni du textile. J’ai donc suivi des formations en création d’entreprise, comptabilité, création de site web, élaboration d’un business plan, initiation aux réseaux sociaux… Instagram, par exemple, s’est révélé être un excellent outil de communication à destination du jeune public que je vise. Bon à savoir pour les futurs jeunes entrepreneurs : via 1819 ( point d’information pour les entrepreneurs bruxellois, Ndlr), j’ai eu pas mal d’infos sur les formations, mais aussi sur les aides et les démarches administratives. J’ai aussi dû chercher un nom, un logo, la société qui produirait les vêtements et celle qui les imprimerait. J’ai fini par trouver une entreprise belge qui fait fabriquer au Bangladesh des tee-shirts de qualité en coton bio, dans le respect de l’environnement et de l’humain. Et une autre, à Anvers, spécialisée en reproduction par sérigraphie, qui travaille avec des encres à base d’eau. Ça me permettait de garder le côté artisanal et artistique, avec de belles couleurs qui tiennent bien. »
Séries limitées
» J’ai démarré par des tirages de 20 tee-shirts, et cela va jusqu’à 150 pièces. J’ai fixé la limité à 300, ajoute Lila Farget. L’idée est de rester sur des séries limitées – elles seront d’ailleurs à l’avenir numérotées – pour rester dans l’esprit artistique. J’ai reçu très vite le support des ayants droit avec qui je négocie. Certains sont d’ailleurs très présents et veillent, par exemple, à ce que je dispose d’images de qualité. » Lila Farguet dédie une page du site à chaque artiste, avec sa biographie, un lien et son actualité éventuelle. Et à l’achat d’une pièce, l’acquéreur reçoit une carte postale reprenant des informations sur le créateur.
» Je croyais en mon idée, tout s’est enchaîné et ça se passe bien « , se réjouit Lila à l’aube du premier anniversaire de sa marque, même si son activité n’est pas encore tout à fait rentable. Pour acquérir ses modèles, la boutique en ligne reste le moyen le plus simple, mais il est aussi possible d’en acheter dans quelques magasins, ainsi que dans certains musées. Comptez 20 euros pour un tote bag, de 45 à 55 euros pour un tee-shirt manches courtes, une centaine d’euros pour un sweat-shirt. Une autre façon d’exposer son amour de l’art !
Par Sigrid Descamps.